"Les Banshees d'Inisherin" : une épopée qui a sublimé les critiques du Masque & la Plume (2024)

Cinéma américain

Par

Publié le

4 min

Le réalisateur de "Bons Baisers de Bruges" et de "Three Billboards: Les Panneaux de la vengeance" nous transporte au large de la côte ouest de la Grande Bretagne, sur une île isolée au début des années 1920 où la guerre civile irlandaise résonne au travers d'une rupture amicale très humaniste.

Le film présenté par Jérôme Garcin

Un grand film sur une histoire d'amitié du cinéaste et dramaturge irlandais Martin McDonagh à qui on doit "Bons baisers de Bruges" avec déjà Colin Farrell et Brendan Gleeson. Ça pourrait être du Beckett. Sur une île isolée de la mer d'Irlande, deux amis de toujours, Pádraic (Colin Farrell) et Colm (Brendan Gleeson) refont le monde en buvant de la Guiness. On est en 1920, la guerre civile fait rage en Irlande et puis un jour, Colm qui est musicien décide de rompre. "Je crois que je ne t'aime plus", dit-il à Pádraic, lequel refuse le verdict et va tenter de recoller les morceaux avec l'aide de sa sœur et d'un jeune insulaire un peu dérangé. Mais c'est en vain. Et plus l'un s'obstine, plus l'autre se cabre, se mutile les doigts les uns après les autres. Il dit MacDonald avoir pris pour modèle "La Nuit du chasseur" et puis les westerns de John Ford, version celtique.

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

Pierre Murat salue "un très grand film"

Pour le critique de Télérama c'est un film de très grande qualité, une merveille qui ne recule devant aucune exigence cinématographique: "Le film m'a fait penser d'ailleurs à "Pour un oui pour un non" de Nathalie Sarraute puisque là aussi tout part d'un mot et tout devient tragique. Ici, c'est un geste dont il s'agit, un "Je ne t'aime plus, je ne veux plus que tu m'adresse la parole". Il y a un type qui veut se consacrer à son art. C'est un peu dérisoire en même temps. Puis l'autre personnage qui est là pour boire des coups avec son pote. À Partir de là, le réalisateur a surtout le courage - dans un cinéma quand même quelquefois bien pensant - d'aller jusqu'au bout, ne reculant devant rien au point que ça devient de plus en plus tragique et absurde. Notons aussi la qualité du dialogue, la façon dont le dialogue est repris, dont les répliques reviennent, mais sans être tout à fait les mêmes. Sans oublier le rôle de la sœur d'un des personnages qui est absolument magnifique tant elle veut s'en sortir sans qu'on sache vraiment si elle va y arriver.

La seule petite et légère réserve serait la banshee en question, soit ce personnage de sorcière qui résonne un peu comme le destin certes mais qui est un peu lourd. Sinon c'est une vraie merveille".

Michel Ciment applaudit un très grand cinéaste

C'est un très très grand film dont la présence en pôle position pour les Oscars est, selon le journaliste de la revue Positif, tout à fait justifiée et méritée: "Rappelons que le jury de Venise lui a donné le prix du scénario, ce qui est très mérité parce qu'il ne faut pas oublier que le cinéaste Martin McDonagh est un auteur dramatique. De même que les comédiens, Colin Farrell, prix d'interprétation que Brendan Gleeson méritait tout autant. Ils représentent deux générations, avec cet homme plus âgé qui veut se consacrer à la musique, faisant preuve d'une certaine méchanceté, qui est un regard ironique dans le regard du metteur en scène.

Voilà l'arrivée d'un très grand cinéaste irlandais qui filme ici des paysages sublimement tournés, avec des références à John Ford, à "L'homme tranquille". C'est un très grand film, magnifique".

Pour Sophie Avon c'est "une épopée humaniste, métaphysique absolument somptueuse"

La journaliste pour Sud-Ouesta été totalement subjuguée par la beauté globale d'un film qu'elle résume en deux mots, absolument "dingue" et "magnifique" et "comment, avec un enjeu aussi simpliste, sinon de cour de récréation ("Je ne t'aime plus, je ne veux plus de voir") son réalisateur arrive à déployer un film aussi universel, solide, tragique, vaste! D'autant qu'à mesure que les enjeux se complexifient, toute cette île - qui ne parle jamais de la guerre civile qui tonne en filigrane - agit en fond ainsi que cette communauté endogame complètement endormie qui progressivement se réveille, se révèle et se fissure. Alors soudain les gens deviennent de plus en plus intelligents. Pádraic, qui a un cœur d'une innocence incroyable, tient un discours sensationnel à un moment donné face à Colm, puis tout à coup il est question de Mozart, de choses métaphysiques, de transmission, de création. Ce film, on ne sait pas comment, part de rien et enfante une épopée humaniste, métaphysique absolument somptueuse. C'est dingue!"

Pour Xavier Leherpeur, "c'est un des plus grands films de l'année"

C'est vraiment un des plus grands films en termes de mise en scène et de scénario de cette année selon Xavier, qui est d'autant plus ravi que le réalisateur parvient progressivement à se dépouiller de plus en plus des éléments qui pouvaient autrefois laisser à désirer et gâcher la construction de ses films: "Déjà "Bruges", c'était très travaillé, très dialogué, mais là il y a un dépouillement qui va parfaitement au personnage, à la situation, ce sont des taiseux, au pire des musiciens, mais la parole n'est pas la leur, même quand ils boivent des coups ensemble. Il y a cette espèce de culture du silence qui va devenir une espèce d'enjeu à l'intérieur du film parce que le silence, le personnage va le garder, ce qui crée un suspense métaphysique et spirituel sur lequel se fonde le film.

C'est remarquablement écrit et interprété. Sans oublier le personnage de la sœur (Kerry Condon) qui est un personnage formidable, ce petit personnage freluquet aussi interprété par (Barry Keoghan) fragile, fils d'un policier abusif et qui raconte aussi sa propre histoire de manière tragique.

Il n'y a pas de finalité ou de résolution, il y a une amplitude, une ampleur, une universalité dans le sujet tel qu'il faut absolument que vous y alliez".

Le film

🎧 Écoutez l'ensemble des critiques échangées à propos de ce film sur le plateau du Masque et la Plume:

"Les Banshees d'Inisherin" de Martin McDonagh

6 min

"Les Banshees d'Inisherin": une épopée qui a sublimé les critiques du Masque & la Plume (1)

► Toutes les autres critiques de films du Masque et la Plume sont à retrouver ici.

Vous trouvez cet article intéressant ?

Faites-le savoir et partagez-le.

"Les Banshees d'Inisherin" : une épopée qui a sublimé les critiques du Masque & la Plume (2024)

References

Top Articles
Latest Posts
Article information

Author: Pres. Carey Rath

Last Updated:

Views: 6151

Rating: 4 / 5 (61 voted)

Reviews: 92% of readers found this page helpful

Author information

Name: Pres. Carey Rath

Birthday: 1997-03-06

Address: 14955 Ledner Trail, East Rodrickfort, NE 85127-8369

Phone: +18682428114917

Job: National Technology Representative

Hobby: Sand art, Drama, Web surfing, Cycling, Brazilian jiu-jitsu, Leather crafting, Creative writing

Introduction: My name is Pres. Carey Rath, I am a faithful, funny, vast, joyous, lively, brave, glamorous person who loves writing and wants to share my knowledge and understanding with you.